Selon l’Agence de la transition écologique, les transports sont la première source d’émission de gaz à effet de serre en France. Une urgence et un défi majeurs qui poussent les décideurs et les acteurs du secteur à multiplier les alternatives et à concevoir des systèmes de mobilité plus respectueux de l’environnement. Et si la science comportementale était la clé pour opérer et réussir ce virage ? À Paris Saclay, comme au MIT, ils et elles sont de plus en plus nombreux à le penser…
« L’essentiel de ma réflexion est de reconnaître que les systèmes de transport sont composés, à égalité, des infrastructures physiques et d’êtres humains », affirme Jinhua Zhao, professeur à la tête du nouveau laboratoire sur la mobilité de l’Institut américain. Pourtant, des décennies durant, les décideurs se sont concentrés sur les percées technologiques et sur le développement d’offres de services urbains toujours plus multimodaux. Le tout, sans trop s’attarder sur la dimension comportementale des usagers. Les acteurs du secteur ont pensé que ces derniers envisageaient leur trajet quotidien presque exclusivement à partir de critères rationnels… Et les systèmes de transport reposent, pour la plupart, sur l’idée que les citoyens privilégient toujours le temps du trajet ou encore son coût.
Cette approche normative n’a pourtant pas permis de modifier en profondeur les choix des usagers pour des déplacements plus soutenables. « Il semble donc nécessaire de mieux prendre en compte l’apport des sciences comportementales, notamment de la psychologie sociale, pour élaborer et mettre en œuvre des solutions facilitant un changement durable des comportements de mobilité », écrivait en 2019, le prix Nobel d’économie, Joseph E. Stiglitz. « Les gens prennent des décisions de toutes sortes de manières différentes. L’idée que les gens se réveillent et calculent l’utilité de prendre la voiture par rapport au bus, à pied ou à vélo et trouvent celui qui maximise leur utilité ne correspond pas à la réalité », déclarait le professeur Jinhua Zhao dans un article du MIT intitulé « Qu’est-ce qui fait bouger les gens ? ».