de la conquête spatiale à la voiture volante

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de la conquête spatiale à la voiture volante

Dans quelques années, des voitures volantes et électriques fendront l’air. Anita Sengupta, l’incontournable spécialiste de l’ingénierie spatiale, passée par la NASA et Hyperloop, travaille à leur démocratisation. Mais les défis restent nombreux avant de profiter d’un véritable écosystème de mobilité aérien…

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  • design
  • transition énergétique
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Une feuille de route d’un nouveau genre a vu le jour de l’autre côté de l’Atlantique. Le Forum économique mondial et la ville de Los Angeles ont établi sept principes pour rendre la mobilité urbaine et aérienne éthique. La dernière étape avant de voir ces engins nous déplacer dans nos métropoles ? Pour le moment, les appétits s’aiguisent : constructeurs et fournisseurs de mobilités multiplient les partenariats et levées de fonds, affinent leurs technologies et sont en passe de faire du ciel un nouvel espace de mobilités propres et silencieuses.

CHALLENGE 1 : démocratiser la mobilité aérienne urbaine

Après 20 ans passés à développer des technologies qui ont permis l’exploration de Mars, des astéroïdes et de l’espace lointain, puis un doctorat sur la recherche ionique à la NASA, Anita Sengupta a travaillé au sein de Virgin Hyperloop en tant vice-présidente principale de l’ingénierie des systèmes. Son impressionnant parcours l’amène aujourd’hui à explorer l’avenir de la mobilité urbaine aérienne avec la startup Airspace Expérience Technologies dont elle est la co-fondatrice. Basée à Detroit, dans la Motor City, l’ancienne capitale américaine de l’industrie automobile, cette startup dessine le futur d’une mobilité aérienne.

Un marché qui, selon le cabinet de conseil Roland Berger représenterait un montant annuel de 80 milliards de dollars d’ici 2050, dont la progression serait celle-ci : « Pour commencer, nous pensons que les services seront très chers et exclusifs, mais à plus long terme, à mesure que les coûts d’exploitation deviendront plus évolutifs, ils ressembleront davantage aux services de transport public premium d’aujourd’hui tels que les taxis », a déclaré Manfred Hader, responsable de la pratique aérospatiale et défense de Roland Berger. Et ces taxis, Anita Sengupta y travaille. La spécialiste des fusées promet des voitures volantes à la demande qui iraient cinq fois plus vite pour le même prix qu’un trajet de type Uber. Et ce, d’ici quelques années.

CHALLENGE 2 : résoudre l’équation économique de la voiture du futur

Plus sûrs, plus propres et plus silencieux que les hélicoptères, ces véhicules volants sont capables également de transporter plus de personnes. Résultat, selon le cabinet britannique Ayming, plus d’une centaine d’entreprises travailleraient sur l’exploitation des eVTOL, (pour avion à décollage et atterrissage vertical électrique). Dont l’entreprise d’Anita, qui avec son MOBI-One, un transport aérien écologique et silencieux et qui peut transporter jusqu’à cinq personnes, s’est allié à Spirit Aerosystems, un fournisseur mondial de structures d’avion.

L’objectif ? Massifier la production et réduire les coûts avant de se lancer dans la commercialisation de ces MOBI-One. Reste que les ingénieurs se heurtent à plusieurs défis pour commercialiser ces services de mobilités du futur. Voler coûte cher : la société japonaise SkyDrive prévoit de commercialiser ses eVTOL à deux places d’ici 2023 pour environ 300 000 $ à 500 000 $. La startup allemande Volocopter propose de son côté un trajet de 15 minutes pour 354 $. Mais ce n’est pas tout, le stockage d’énergie reste limité et demeure un véritable défi à relever. Les spécialistes évoquent la nécessité de développer une batterie lithium à plus grande densité énergétique pour augmenter leur autonomie. Les ingénieurs et les municipalités planchent également sur la sécurité. Comment éviter des collisions et les embouteillages dans le ciel ? « Ils ne seraient pas bondés de taxis aériens à proximité. Les taxis aériens seraient correctement espacés pour la sécurité avec « une bulle d’espace aérien » autour d’eux en cas d’urgence. Les heures de décollage seraient réglementées, éventuellement par un système de contrôle de la circulation aérienne qui aurait des surveillants humains aussi longtemps que les considérations de sécurité l’exigent, avant de devenir finalement autonome », expliquait Anita Sengupta au quotidien économique, Financial Times.

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Anita Sengupta, spécialiste de l’ingénierie spatiale

CHALLENGE 3 : inscrire la voiture volante dans la réglementation

Et d’autres défis demeurent dans cette course spatiale, tels que la certification et les infrastructures. Quel cadre normatif apporter à ces eVolt ? Où vont-ils décoller et atterrir dans nos centres urbains avec des gratte-ciels ? Sans parler de l’appétence pour le public pour ces nouveaux transports. « De manière générale, grâce à l’utilisation de l’espace urbain aérien, il y aura moins de pollution et l’environnement sera plus agréable pour les piétons », prédit Anita Sengupta. Des arguments de poids pour convaincre des citoyens réticents à monter à bord de ces taxis volants électriques de la part de l’ingénieure qui aime à rappeler que « The sky is not the limit, only the beginning»…

 

Sarah Sabsibo, journaliste L’ADN

L’ADN est le média de l’innovation qui analyse chaque jour les meilleurs concepts de la nouvelle économie sur le web et en format revue.

 

Copyright : Lloyd Horgan, iflyasx.com

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Carlo Ratti : de la «smart city» à la «senseable city»

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Carlo Ratti : de la «smart city» à la «senseable city»

Alors que le mot “smart city” n’a pas encore fait son entrée dans le dictionnaire, sa définition même est encore au centre des discussions. Technologique pour les uns, citoyenne pour les autres. Carlo Ratti, architecte-ingénieur à la tête du MIT Senseable City Lab, l’un des principaux centres de recherche sur les smart cities, préfère quant à lui la dénomination “senseable city”. Que se cache-t-il derrière ce concept ? Entretien.

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Pourriez-vous expliquer le concept de senseable city ?

Nous vivons une époque fascinante où la technologie est omniprésente. Cela impacte directement la façon dont nous dessinons, vivons et comprenons la ville avec notamment la convergence entre le physique et le numérique. L’exemple le plus criant est l’évolution d’Internet qui s’est mué en Internet des objets. Cette mue a également rendu les villes « intelligentes », elles sont devenues des « smart cities ». Une appellation à laquelle je n’adhère pas car elle met la technologie au cœur de sa définition et de son concept. Je préfère lui donner une appellation plus humaine, qui privilégie les besoins des citoyens, celle de senseable cities. Dans ces modèles, l’important est d’anticiper et de satisfaire les besoins des habitants en premier lieu. La ville devient une ville sensible, où l’optimisation des espaces urbains ne fonctionne qu’en intégrant les considérations sociales au processus de réflexion et de conception.

Quelle place doivent prendre les technologies dans le futur des villes ?

En 1966, l’architecte Cédric Price a formulé cette phrase qui me semble très juste : « La technologie est la réponse, mais quelle est la question ? ». Cette question était aussi importante à l’époque qu’elle l’est aujourd’hui. C’est pour cela qu’il est intéressant de l’aborder sous le prisme des senseable cities. En effet, la technologie peut nous permettre de mieux vivre, mais comment l’utiliser de manière plus responsable ? Comment peut-elle répondre aux plus grands défis de notre siècle : du changement climatique à la ségrégation ? La technologie est un outil, mais elle doit coexister avec les grandes conversations sociétales. En politique par exemple, la technologie pourrait nous permettre d’engager le débat sur l’avenir souhaité de nos villes.

Vous défendez donc une vision dans laquelle les citoyens coconçoivent la ville.

Absolument ! L’important est d’avoir leurs retours et de constamment leur demander leur opinion sur la ville qu’ils souhaitent pour demain.

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Carlo Ratti, architecte-ingénieur à la tête du MIT Senseable City Lab

Comment concevoir cette ville capable de s’adapter et d’interagir avec ses habitants ?

Cela se produit déjà aujourd’hui avec l’Internet des objets. Grâce à des capteurs, par exemple, des immeubles commencent à nous répondre et agir quasiment comme un être vivant. On peut également constater que les designers et les architectes réfléchissent à rendre l’environnement plus intelligent et organique pour mieux communiquer avec lui. Nous sommes proches de ces modèles. Nous avions développé, avec SideWalk Labs, la « Dynamic Street » à Toronto : un projet expérimental pour rendre les rues modulables selon la fréquentation, les horaires et les usages. Nous devons continuer et multiplier ces expérimentations de villes pensées par des start-up, des citoyens… pour les rendre véritablement interactives.

Nous voyons une recrudescence des applications citoyennes sur smartphone. Est-ce un moyen de concevoir ces senseable cities ?

Ces applications ouvrent de nouvelles possibilités, de nouveaux réflexes, un nouveau langage. Je pense que le plus important dans cette démarche est d’avoir un feedback. Un mot qui résonne très fortement dans les senseable cities. Je pense d’ailleurs que le feedback est LE mot de la smart city. Il faut toujours considérer les citoyens comme l’ingrédient principal de ces évolutions, connaître leur opinion s’avère indispensable.

Concrètement, comment changer ces paradigmes et adopter ceux d’une senseable city ?

C’est une question d’éducation démocratique. Et toute éducation est basée sur la participation. Les villes doivent maintenir les citoyens engagés et leur permettre de faire partie du débat. Les Latins avaient deux mots pour décrire les villes : « urbs », la ville physique et « civitas », les citoyens. Ils pensaient d’ailleurs qu’il n’était pas possible d’avoir l’un sans l’autre. Nous devons revenir à ce paradigme pour redonner un équilibre aux villes, et ce, via les citoyens.

En parlant de mise à contribution des habitants, votre projet « Paris Navigating Gym » est un bateau qui fonctionne avec l’énergie des sportifs. L’énergie humaine pourrait-elle contribuer au fonctionnement de la ville de demain ?

Je ne pense pas. Le but était de montrer aux gens l’importance de leur propre énergie. Ce projet est majeur d’un point de vue pédagogique, et fait ainsi réfléchir sur l’efficience du corps humain et de l’énergie qu’il produit et utilise. Au quotidien, la « machine humaine » utilise moins d’énergie que l’usage quotidien d’un ordinateur.

Cette énergie est majoritairement à vocation vitale, pour faire fonctionner le corps et vivre. En revanche, l’énergie qui n’est pas utilisée peut-être collectée, transformée et employée à faire fonctionner des éléments extérieurs comme ici avec le bateau. Mais rapporté à l’échelle d’une ville, il faudrait bien plus d’habitants qu’une ville puisse supporter pour la faire fonctionner.

Il est vrai que l’énergie humaine est utilisée tous les jours pour la mobilité douce. Nous le voyons déjà avec la marche et le vélo. Mais cela a tendance à évoluer. Pour le vélo par exemple, l’énergie humaine est de plus en plus combinée à une nouvelle source d’énergie (électrique) afin d’économiser la première. C’est hybride. C’est la convergence entre le naturel et l’artificiel.

Quels modèles de mobilité voyez-vous s’installer dans un avenir proche ?

J’imagine une imbrication de systèmes. Aujourd’hui, nous avons déjà accès à une multitude d’informations et de choix autour de la mobilité depuis notre smartphone. L’avenir réside donc dans ces choix de transports foisonnants. Et je pense que nous n’en sommes qu’au début. Il faut avoir conscience que c’est une dynamique puissante qui est en marche. Derrière chaque choix de véhicule, il y a un citoyen et une manière de se déplacer. Ce qui à terme créera des combinaisons infinies que centraliseront les applications de mobilité multimodales qui se retrouveront partout.

Ces usages numériques sont croissants et amènent avec eux un nouveau débat autour de la pollution de ces services. Selon vous, le numérique est-il un allié ou un ennemi de la décarbonation de nos villes ?

Nous savons que les technologies de l’information et de la communication utilisent de l’énergie, la question à se poser est surtout : « comment les utilise-t-on ? ». Nous pouvons utiliser ces technologies pour poster des photos sur Instagram et finalement gaspiller cette énergie, ou alors l’employer à réduire les bouchons en ville… L’optimisation permise par la technologie contribue à réduire les émissions carbones, même si elle en est en partie responsable.

Quelle est votre smart city rêvée ?

Pour épouser la vision du grand architecte Yona Friedman, je dirais une ville construite « avec le peuple, par le peuple et pour le peuple ». Tout part des citoyens.

Aussi, architectes et designers doivent tendre vers une plus grande convergence entre le naturel et l’artificiel, et trouver comment ces deux mondes peuvent travailler ensemble de manière plus efficiente.

 

Interview par Vincent Thobel, journaliste L’ADN

L’ADN est le média de l’innovation qui analyse chaque jour les meilleurs concepts de la nouvelle économie sur le web et en format revue.

 

Copyrights : Sara Magni, David Pike, CRA

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comment le design fiction impacte les mobilités

Que peut nous dire le « design fiction » en matière de mobilité ? Comment nous aide-t-il à anticiper nos usages ? Noémie Aubron, fondatrice de la newsletter à succès “La Mutante” et spécialiste dans l’accompagnement de démarches d’innovation, nous éclaire sur les pouvoirs des low techs.

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Quels sont les ressorts du « design fiction » dans votre travail ?

J’essaie d’articuler ce qui est du ressort du « scientifique », de la raison, comme des études prospectives, avec des éléments qui sont plus de l’ordre de l’intuition et des signaux faibles. Ce sont ces comportements un petit peu étranges dans le présent, qui peuvent augurer d’un futur et que l’on peut connecter à un scénario de prospective. Pour donner corps à cette matière ou à cette vision, on a recours à des formats un peu plus artistiques. C’est pour cette raison que l’on retrouve le terme de « design » dans « design fiction ». Jeux de rôles, expositions, affiche de magazine, fiction écrite… l’idée est d’articuler des choses qui, jusqu’à présent, ne se parlent pas. L’humain ne change pas fondamentalement, c’est l’environnement qui évolue et à ce titre, la dimension comportementaliste est aussi très importante.

Comment choisir entre le possible et le purement spéculatif ?

Cela dépend du sujet que l’on veut instruire et des personnes à qui on va faire vivre l’expérience en sachant que l’objectif, c’est de faire vivre quelque chose qui va entrer en résonance. Pour certains publics, les scénarios trop spéculatifs ne vont pas parler. Dans mon travail, j’ai plutôt tendance à me raccrocher à quelque chose de probable. J’aime ancrer ces travaux dans des scénarios de prospective qui sont éprouvés.

Ce qui est intéressant, c’est la capacité à articuler ce que l’on va vivre, comme vision long terme, avec ce qu’on peut faire concrètement.

Et parfois, quand on part sur du spéculatif, cela peut-être très intéressant pour l’ouverture d’esprit mais on peut avoir du mal à le raccrocher à son quotidien, ou encore à une feuille de route dans le cadre d’une entreprise. Ce côté probable permet de se projeter dans quelque chose de réaliste, qui a des chances d’arriver et ça, si on le prend plus au sérieux, on peut mieux s’y préparer.

Quels sont les grands imaginaires les plus intéressants en matière de mobilité ?

Il y a un sujet que je trouve très intéressant, qui est un peu galvaudé et pas totalement résolu, c’est celui des systèmes autonomes dans la mobilité. Je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à imaginer. Je pense que c’est le sens de la technologie. Mais quid des usages ? Il y a aussi la place de la mobilité dans la ville. L’intérêt du « design fiction », c’est comment est-ce qu’on positionne un usage dans un contexte et dans une société plus globale. Penser la mobilité dans la ville, c’est imbriquer les deux sujets ensemble et là il y a beaucoup de choses à inventer autour de nos modes de vie en milieu urbain, donc de nos déplacements.

Les champs explorés demain seront-ils davantage portés sur les usages que la technologie ?

Toutes nos manières de vivre autour des usages de la mobilité sont tellement bouleversées que le vrai vecteur du changement, ce sera peut-être plus l’humain que la technologie. La manière dont on a envie de se déplacer devient une tendance forte. C’est intéressant de se dire que peut-être, la place de la sociologie est aussi forte que celle de la technologie. La compréhension des besoins et des aspirations est tout autant clé que le développement de nouvelles technologies.

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Noémie Aubron, spécialiste des démarches d’innovation

Comment le changement climatique peut-il impacter les imaginaires en matière de mobilité ?

Le changement climatique est désormais un intrant structurant de la quasi-totalité des scénarios prospectifs, ça ne peut plus être mis de côté. Moi, je travaille beaucoup sur la low tech qui, je pense, est une tendance de fond. Ce qui est assez frappant, c’est lorsqu’on explore ces imaginaires autour de la mobilité, on a une diversité de réponses qui va de quelque chose de très low tech à quelque chose de très élaboré pour répondre à ce défi climatique. Et en fonction du prisme sociologique ou du scénario prospectif dans lequel on se situe, la réponse ne sera pas du tout la même et l’usage autour de la mobilité sera très différent. Si on met le changement climatique en face des mobilités, il y a énormément d’imaginaires qui s’ouvrent et autant de prismes envisageables en fonction des forces sociologiques qui vont réussir à s’imposer. On en revient ainsi à cette dimension très sociologique de la mobilité.

En matière de mobilité, quels autres signaux faibles intéressants avez-vous pu identifier ?

La mobilité, je l’inscris dans un sujet plus large et je vois beaucoup de nouveaux usages. Je pense la mobilité comme un moment où l’on fera autre chose que se déplacer. Elle peut être une bulle où l’on fait autre chose… Et tout cela est rendu possible par les systèmes autonomes de déplacement. La mobilité couplée à des usages de concentration est quelque chose de très intéressant à creuser.

Penser les mobilités du futur, notamment la mobilité urbaine, c’est aussi anticiper le rôle des territoires dans la distribution énergétique ?

Sur le plan énergétique, je ne sais pas si l’on va passer au-delà de nos freins sociologiques, mais ma conviction, c’est qu’on va choisir d’habiter quelque part en fonction de son orientation politique. Dans certaines villes, on pourrait avoir envie de développer des systèmes en commun de résilience énergétique. Il y aura peut-être autant de villes que de petites utopies et de manières de vivre. Je vois bien la manière dont on pourrait avoir des systèmes décentralisés d’énergie dans une ville avec une sensibilité très forte sur le sujet parce qu’elle serait exposée à certains risques tandis que d’autres villes vont développer des stratégies plus technologiques parce que leur population est plus sensible à ce genre de solutions.

On va inventer de nouvelles manières de faire, mais à chaque fois avec un particularisme local.

La décentralisation de l’énergie, la capacité de décarboner la production de son énergie et de déployer une sorte d’autonomie énergétique…c’est un scénario probable mais pas forcément dans tous les bassins de vie.

Dans cette prospective où les systèmes autonomes seront démocratisés, que pourra-t-on faire à bord d’une voiture autonome dans le futur ?

Travailler, cela semble évident ! Mais il y aura aussi peut-être des loisirs, un endroit où l’on se retrouve pour faire des karaokés, des jeux collectifs, des jeux vidéo. J’imagine des endroits avec des fêtes, de vrais espaces de divertissements où l’on passe du temps ensemble à plusieurs. Comme un Blablacar réinventé, où il n’y a plus de conducteurs mais où tout le monde se déplace en même temps pour jouer. Le temps de trajet servirait à créer ou renforcer des relations sociales. Dans des emplois du temps très chargés, ces systèmes autonomes peuvent offrir des moments où l’on souffle, où l’on pourra faire sa manucure par exemple. Je vois ça comme des bulles de bien-être où l’on prendra le temps de prendre soin de soi. La question c’est, comment remobiliser ce temps de trajet qui devient un temps libre pour faire des choses qu’on n’a pas le temps de faire. En termes d’imaginaires, cela ouvre un champ des possibles et d’innovation assez vaste !

Quelle pourrait être la place de la réalité virtuelle dans ces véhicules ? Est-ce la promesse de voyages dans le voyage ?

Si l’on travaille, cela va permettre d’être comme au bureau, en tout cas dans un espace de concentration qui pourrait faire abstraction de l’endroit dans lequel on se trouve. On ne rentrera plus dans une voiture finalement mais dans un autre univers. La réalité virtuelle peut vraiment déployer des possibilités importantes.

 

Interview par Sarah Sabsibo, journaliste L’ADN

L’ADN est le média de l’innovation qui analyse chaque jour les meilleurs concepts de la nouvelle économie sur le web et en format revue.

 

Copyrights : Brice Coustillet, Ryoji Iwata – Unsplash

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Mobilize, dessine-moi une expérience

Story

Mobilize, dessine-moi une expérience

01.04.2021

  • connectivité
  • design
  • mobilité partagée
  • transport à la demande

Répondre aux enjeux et problématiques de déplacement en zone urbaine, concevoir une expérience globale, partir non pas de la table à dessin mais du smartphone… C’est ainsi que EZ-1 Prototype est né : la matérialisation d’une expérience de mobilité pensée pour les nouveaux besoins des consommateurs, des villes et des opérateurs. Patrick Lecharpy, directeur du Design de Mobilize, revient sur cette « épopée créative » inédite.

“C’était la première fois que l’on nous demandait d’imaginer une solution de mobilité qui réponde parfaitement aux nouveaux besoins des usagers, des villes et des opérateurs. Un vrai défi !”
Patrick Lecharpy
Directeur du Design de Mobilize

Un défi que Patrick Lecharpy a relevé avec d’autant plus d’enthousiasme que l’entité Design de Mobilize qu’il dirige a été spécialement créée pour « penser global » et prendre en compte l’écosystème de mobilité dans son ensemble.

Préambule à cette démarche : la prise en compte des attentes de chacun.

Côté opérateurs et municipalités, les besoins sont multiples : stationnement, encombrements, multimodalité, réduction de l’impact environnemental, économies d’énergie, économie circulaire.

Les utilisateurs, urbains et périurbains, recherchent quant à eux des solutions de déplacement adaptées à leurs impératifs professionnels ainsi qu’à leurs besoins personnels… sans être obligés pour autant d’investir dans un véhicule.

Quoi qu’il en soit, une expérience de mobilité ne peut se concevoir sans partir d’une application pour smartphone. C’est par elle que les utilisateurs débutent leur expérience, elle est leur premier point de contact avec le service. Dans cette approche, c’est elle également qui doit permettre de reconnaître le véhicule à distance, de l’ouvrir ou bien encore de bénéficier d’une visite virtuelle de l’espace intérieur.

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Le smartphone, centre de l’expérience de mobilité proposée par Mobilize

À demande inédite, réponse inédite

« Une fois tous ces éléments réunis, notre mission était très claire,» sourit Patrick Lecharpy : « il fallait créer un véhicule qui apporte un service qui réponde à l’ensemble des besoins de l’ensemble des clients pour l’ensemble des usages possibles. Et qu’il soit beau bien sûr ! »

Il fallait donc inventer une nouvelle approche créative !

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Emmanuelle Dauboin, Chef de projet Design Mobilize

L’équipe Design de Mobilize bénéficie pour cela d’un atout majeur : elle est structurée comme une start-up, composée de créatifs usagers de la ville au quotidien en phase avec les attentes des futurs clients et aptes à les exprimer en termes d’expérience et de design.

Si les collectivités locales et les opérateurs ont apporté beaucoup d’éléments de réflexion, Patrick Lecharpy a voulu aller plus loin et capter les nouveaux ressorts culturels et émotionnels contemporains.

« La meilleure démarche, c’était d’envoyer mon équipe directement à la source, pour obtenir les informations les plus précises, sur le terrain. »

eduardo-lana-y-costa
Eduardo Lana-Y-Costa, Designer Mobilize

Toute l’équipe s’est mobilisée : certains ont testé les offres existantes quand d’autres ont expérimenté pendant quelques mois tous les modes de transport partagés.

Chacun a ensuite échangé ses ressentis et les usages observés avec Eduardo, designer, qui a alors sketché les premiers storyboards. Petit à petit, EZ-1 Prototype a pris forme…

Une expérience nouvelle de la mobilité partagée

« Cette nouvelle démarche nous a permis de capitaliser sur toutes ces expériences et à notre grande surprise, d’avancer beaucoup plus vite sur un mode très réactif et interactif », se souvient Patrick Lecharpy.

Pour l’équipe Design, c’était la première fois qu’autant d’expériences étaient mises en commun autour d’un seul projet. Et toutes se sont avérées indispensables pour concevoir l’expérience la plus pertinente autour d’un véhicule connecté, électrique, recyclé, recyclable et dédié à l’autopartage. Plus qu’un simple moyen de transport, EZ-1 Prototype constituera une expérience nouvelle de la mobilité partagée.

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Mobilize EZ-1 Prototype

« Nous voulons offrir au plus grand nombre la possibilité d’accéder à un moyen de transport simple d’accès, facile à vivre, joyeux voire ludique, sans la nécessité d’acquérir l’objet,» précise Patrick Lecharpy. « En termes de mobilité, nous sommes véritablement en train d’écrire “l’histoire d’après“. »

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  • design
  • mobilité partagée
  • transition énergétique

★ ☆ ☆
redéfinir la mobilité

Mobilize. C’est un nom qui fait sens. La nouvelle marque de Renault Group a été créée pour imaginer des mobilités mieux adaptées à notre société urbaine. Dans un futur proche, les moyens de transport seront décarbonés, accessibles facilement depuis un smartphone et flexibles. En ville, le citadin du 21e siècle prend un vélo en libre-service pour rejoindre le tram, qui le conduit ensuite à son bureau. Un autre, qui habite en zone périurbaine, fait 400 mètres à pied pour ensuite emprunter une voiture électrique en autopartage et rejoindre les locaux de son entreprise située en centre-ville où il est difficile de se garer, mais où des places de parkings lui sont réservées.

Dans cette optique, Mobilize conçoit des voitures électriques avec un design spécialement adapté aux différents services de mobilité et aux déplacements dans des zones urbaines à fortes contraintes. Les véhicules proposés « disruptent » l’industrie automobile. Depuis des décennies, les bolides sortaient des usines pour rouler aux énergies fossiles sur de longues distances.

À l’horizon 2030, la voiture n’est plus vue comme un objet de consommation, mais comme un maillon de la chaîne des solutions de mobilité. En 2021, un jeune urbain cherche les bons outils pour se déplacer, plutôt que de posséder une voiture. Avec son smartphone, il va checker en un clin d’œil quel est le moyen de transport le plus proche de chez lui et le plus rapide pour aller à l’aéroport ou dans un grand parc en périphérie de la ville.

Mobilize écoute les aspirations profondes de cette nouvelle génération pour offrir des services adaptés, dont une voiture minimaliste, connectée et la moins polluante possible devient une option parmi d’autres.

★ ★ ☆
le design d’une expérience globale

Mobilize est beaucoup plus qu’une nouvelle marque : c’est un laboratoire qui invente la façon dont on bougera en 2030, puis en 2050. Les équipes de cette structure innovante conçoivent en premier lieu des services, autour de l’identification de besoins, souvent multiformes. La technologie vient ensuite, pour rendre ces services opérationnels.

Une technologie qui peut s’incarner aussi bien dans des véhicules, électriques et connectés, que dans des logiciels qui jouent la carte de l’expérience personnalisée et multimodale. Ainsi, les usagers n’auront pas de mauvaises surprises, comme celle de tomber sur une voiture à la batterie vide en ouvrant la portière. Et surtout, Mobilize fabrique des voitures qui s’insèrent sur-mesure dans un écosystème de bornes d’autopartage et de mobilités transversales.

Nous offrirons une combinaison unique de hardware et software avec des véhicules dédiés et des services de pointe. Demain, en offrant un accès à une voiture à seulement une minute d’un lieu de vie, nous proposerons un service d’une qualité inégalée aux utilisateurs. Cette offre sera adaptée aux nouveaux besoins de mobilité, voiture en autopartage, covoiturage, dernier kilomètre”, explique Clotilde Delbos, le directeur général de Mobilize, dans la présentation des nouvelles stratégies de Renault.

Patrick Lecharpy, directeur Design de Mobilize, témoigne des enjeux qui ont structuré la réflexion de ses équipes. “Côté design, il ne s’agissait pas uniquement de concevoir un nouveau véhicule, mais de penser les enjeux et problématiques des déplacements en zone urbaine. Chez Mobilize, nous designons donc une expérience globale. Le design de service nécessite de bien comprendre les utilisateurs et leurs attentes, ainsi que le besoin des opérateurs et des villes. Ces dernières font face à des problématiques de stationnement, de congestion et de pollution. Quant aux utilisateurs, ils ne souhaitent plus forcément être propriétaires d’un véhicule, mais restent demandeurs de solution de mobilité, faciles d’accès et faciles à vivre”, dit Patrick Lecharpy.

Mobilize a testé tous les modes de transport urbain disponibles pendant plusieurs mois, et cela a conduit à chaque fois à la même conclusion. “Le premier point de contact avec un service ? C’est le smartphone. L’expérience utilisateur commence toujours par une appli”, poursuit Patrick Lecharpy. Un mantra que les designers Mobilize ont bien en tête.

★ ★ ★
les véhicules conçus pour les services

À partir de cette riche réflexion, Mobilize a créé un premier prototype. C’est un tout nouvel objet de mobilité imaginé pour coller aux enjeux des années 2020 et 2030. Ce véhicule a été dessiné et entièrement pensé pour l’autopartage. “Il est connecté, électrique, recyclé et recyclable. Un petit véhicule bien de son temps. L’objectif est de l’inscrire dans le durable et de proposer une expérience enjouée de la mobilité partagée. L’expérience dans la ville ira beaucoup plus loin que le simple déplacement d’un point A à un point B”, esquisse Patrick Lecharpy.

Dans des villes où la place de la voiture individuelle est réduite année après année, ce prototype a donc une vraie carte à jouer. “Le jour où les villes vont déclarer que les centres sont des zones à 30 km/h, notre voiture dédiée à l’autopartage sera idéale puisque l’on peut en loger trois sur une place de parking. Notre intérêt est de travailler avec les villes qui essaient d’éviter la congestion, de limiter la pollution, et de réduire l’empreinte au sol afin de récupérer de l’espace public pour les espaces verts”, complète Clotilde Delbos.

En effet, un seul véhicule en autopartage peut remplacer jusqu’à 10 véhicules privés, et donc libérer beaucoup de place. Le modèle a notamment été conçu avec des pare-chocs renforcés pour s’adapter à des usagers qui ont, de fait, moins l’habitude de conduire que des propriétaires directs de véhicules.

Mobilize veut aussi réinventer la livraison du dernier kilomètre. Un enjeu crucial dans les métropoles où, avec la révolution numérique accélérée par l’épidémie de Covid-19, les habitants sont de plus en plus nombreux à se faire livrer des produits commandés en ligne… avec le risque de voir des scooters et des camionnettes thermiques envahir les rues.

Expérimenté depuis 2019 par des professionnels de la logistique, un prototype spécialement dédié à la livraison du dernier kilomètre permet aux équipes de Mobilize d’analyser les différents retours, et d’adapter ou de transformer le concept en un futur utilitaire de série. Affaire à suivre.

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